Un groupe ethnique autochtone, la tribu des Hadzabe, vit autour du Lac Eyasi, dans la vallée du Rift et sur le Plateau du Serengeti. Ils sont parmi les derniers chasseurs-cueilleurs de la planète, avec moins de 1 000 encore en vie aujourd’hui. Leur mode de vie a peu changé au cours des derniers milliers d’années. Aucune possession, pas de bétail, aucun établissement permanent – ils vivent simplement de leur chasse quotidienne et de leur recherche de nourriture. Les Hadzabe, aussi appelés Hadza, sont généralement associés avec les Khoisan en raison de la similitude des langues à clic, mais les tribus ne sont pas liées. Des tests génétiques relieraient les Hadzabe aux premiers humains, peut-être dans le même arbre généalogique que les Pygmées.
Nous sortimes de la jeep tôt le matin, quelque part près de Chem Chem à l’est du Lac Eyasi, après des heures de conduite à travers les chemins de terre éreintants. Il était évident que la modernité n’avait guère touché cette partie du monde. Avec des vêtements courts en peaux de dik-dik ou des pantalons poussiéreux, des sandales faites avec de vieux pneus, les membres de la tribu se chauffaient autour d’un feu faible.
Les habitations étaient de simples abris faits de branches assemblées, aucune protection adéquate contre tout type de temps. Comme nous étions au milieu de la saison sèche, les Hadzabe préfèraient rester dehors pendant la nuit. Dans le camp, les femmes étaient réunies autour d’un autre feu, séparées des hommes, et prêtes à partir recueillir des racines, des fruits de baobab et des baies. Les hommes étaient occupés à préparer les arcs et flèches ou à fumer des herbes locales.
En nous montrant leurs flèches, notre guide nous expliqua les différentes tailles et utilisations, avec quelques pointes enduites de poison pour endormir les plus gros animaux. Bruno essaya d’allumer un feu avec le bâton traditionnel et la pierre, mais en vain. Ses efforts provoquèrent des fous rires et de larges sourires des chasseurs qui apparemment apprécièrent la tentative.
Sur le sentier de chasse avec les Hadzabe
Armés d’arcs, de flèches, de couteaux et de machettes, le groupe de cinq ou six adolescents et jeunes adultes de 10 à 20 ans, trottait loin avec une cadence bien rythmée.. Nous avions emboîté le pas à travers les grands buissons d’acacia à pointes et d’arbustes épais. Les marques de ces pointes étaient perceptibles sur le dos nu et les bras des chasseurs, tous avec des cicatrices visibles, même s’ils ne semblaient pas y penser alors qu’ils avançaient dans ces buissons piquants. A vrai dire, les accidents de chasse et les rencontres d’animaux étaient les raisons de la plupart de ces cicatrices, et pas seulement de ces épines effrayantes! De notre côté, nous apprécions nos pantalons et nos longues manches pour nous sauvegarder de cicatrices semblables.
Nous nous efforcions de suivre car il n’y avait aucun sentier, aucun signe pour se guider! Nous faisions pleine confiance aux Hadzabe pour nous ramener. Nous arrivâmes à un point de vue au dessus de la rivière, où de rares arbres et des baobabs se dressaient quelques rochers. Les chasseurs levèrent leurs arcs rapidement et visèrent deux petits oiseaux de la taille de Colombes perchés sur les branches. Mais la chance était du côté des oiseaux: les flèches volèrent haut sans atteindre leur proie.
Les chasseurs poursuivirent leurs recherches sur le bord de la falaise. Non loin au dessous passait la rivière, où un groupe de femmes lavaient des vêtements colorés et remplissaient des récipients d’eau. Entre les chasseurs et ce groupe de femmes, nous étions les témoins extactiques du mode de vie traditionnel de l’Afrique rurale – une scène probablement inchangée depuis des centaines de milliers d’années.
Tout à coup, les chasseurs coururent vers un coin de la falaise. Avec la saison sèche, les animaux ont tendance à se rassembler près de l’eau et la zone s’était avérée être un terrain de chasse fructueux. Un chasseur revint rapidement avec une petite mangouste dorée sur sa flèche. La pauvre bête était à peine de la taille d’un demi-bras et toujours vivante. Mais comment pouvions-nous être sensibles et avoir pitié de la petite bête lorsque cinq hommes affamés s’apprêtaient à partager sa petite carcasse?
Mais le résultat de la chasse restait pauvre et les chasseurs étaient intéressés par plus de gibier. La journée commencait à se réchauffer et nous avions de plus en plus de mal à suivre les chasseurs Hadzabe sur le terrain rocheux accidenté. La patience et les compétences des chasseurs, cependant, portèrent leurs fruits et ils revinrent avec deux petits oiseaux sur les flèches.
Et vint le feu..
Nous pensions qu’ils attendraient le retour au village pour partager leurs prises avec les autres membres, mais les chasseurs se regroupèrent et ramassèrent de longues herbes jaunes. Rassemblant les pailles, ils commencèrent à frotter un petit bâton sur une minuscule pierre noire et bientôt, des étincelles et de la fumée apparurent. Devant nos yeux, au fond de cette partie sauvage et éloignée de l’Afrique, la production du feu se faisait comme à l’aube des temps!
Bientôt, le feu forcit tandis que les chasseurs dépouillaient et plumaient leurs oiseaux avant de les empaller et de les griller. Un des oiseaux fut mis de côté, probablement pour une consommation ultérieure ou pour partager avec la communauté. Le maigre repas de deux mousebirds à face rouge et une mangouste fut un délice pour les chasseurs Hadza.
L’après-midi vint trop vite et il était temps de rentrer au village. Ne trottinant plus, les chasseurs semblaient être sur une mission différente, et nous comprimes vite pourquoi. Ils étaient à l’affût de miel et ils en trouvèrent une énorme ruche. Les chasseurs Hadza “travaillent” avec un oiseau africain surnommé le « guide de miel ». En effet, le chasseur Hadza et l’oiseau “guide de miel“ communiquent ensemble par le biais de sifflets jusqu’à ce que l’oiseau guide le chasseur à la ruche. Les avantages pour le chasseur sont clairs, mais il est remarquable de constater que l’oiseau attend la cire et les abeilles en récompense. Les chasseurs chassèrent les abeilles avec de la fumée, et repartirent avec la prise sucrée. Le miel serait soit consommé par la tribu, un élément principale de leur régime alimentaire, soit échangé contre d’autres biens avec d’autres tribus. Dans tous les cas, une trouvaille précieuse qui fut le succés de la journée de chasse.
Traditions ancestrales en danger
Quand nous retournames au village, les femmes Hadzabe avaient rassemblé plusieurs fruits et baies mais leurs récoltes étaient également faibles. Entre la chasse et de la recherche de nourriture, le résultat de la journée était remarquablement faible et certainement pas suffisant pour soutenir la tribu. Toutefois, il est dit que les Hadzabe ne connaissent pas de famine, étant en mesure de trouver de la nourriture régulièrement, même s’ils passent la moitié de leurs journées à en chercher. Les tribus Hadzabe déplacent leurs camps pour suivre le gibier, surtout lors de la chasse aux grands animaux qu’ils ne peuvent pas transporter. Compte tenu de leur possession limitée – un pot, une couverture ou deux – le camp peut migrer rapidement pour répondre aux besoins de la chasse.
Par nature, les Hadzabe chasseurs-cueilleurs vont à leurs tâches quotidiennes, mais les ressources ont diminué à cause du développement environnant et surtout des éleveurs de Datoga qui défrichent les terres où vivent traditionnellement les Hadza. Des terrains ont été accordés aux Hadzabe par le gouvernement tanzanien dans le but de préserver le mode de vie traditionnel. Aujourd’hui, une partie des revenus du village provient de la vente de bracelets de petites perles colorées, que nous avons achetés comme un souvenir de notre expérience et pour fournir un soutien financier.
Ce jour-là, nous avons eu une approche unique de la vie tribale traditionnelle en Afrique, sorte de mémorial de vie que seulement quelques uns soutiennent encore aujourd’hui. Nous avons été honorés d’avoir été les témoins de ces coutumes ancestrales.
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